L’association HOZA, solidaire avec les orphelins burundais depuis 1997 et pour l’intégration dans le pays d’accueil par Mme Perpétue Nshimirimana
Dans le cadre du Projet Traits d’union mis sur pied à l’occasion des cinquante ans du Bureau Lausannois des Immigrés (BLI), le groupe « Récits de vie » a entrepris de recueillir l’histoire de plusieurs associations des immigrés et des parcours migratoires individuels. Les associations ont souvent contribué à favoriser une intégration réussie pour leurs membres.
Ici, le récit de l’association HOZA (femmes et solidarité pour les orphelins et les victimes de la violence au Burundi). Madame Perpétue Nshimirimana, une des membres fondateurs, parle du rôle positif qu’a joué HOZA pour ses membres dans leur processus d’intégration et de tout l’impact positif qu’a eu cette association sur les bénéficiaires de son soutien dans plusieurs pays d’Afrique.
Circonstances de la création de HOZA
HOZA est un mot dérivé du verbe GUHOZA qui, en Kirundi, la langue nationale du Burundi, signifie « Consoler »
Cette association dont la majorité des membres est d’origine burundaise, a été créée en mai 1997, à Lausanne. Le pays était en plein conflit à caractère ethnique consécutif à l’assassinat, le 21 octobre 1993, du premier Président démocratiquement élu de l’histoire du Burundi, S.E Melchior Ndadaye. Ce conflit avait jeté sur les routes de l’exil des millions de Burundais. Certains se sont réfugiés à l’intérieur même du pays, d’autres dans les pays limitrophes ou plus éloignés. Parmi eux de nombreux jeunes et/ou orphelins. Les premiers pays d’accueil de ces réfugiés furent les pays frontaliers du Burundi : le Rwanda, le Zaïre (devenu par la suite République Démocratique du Congo), la Tanzanie. D’autres jeunes ont trouvé refuge dans des pays africains plus éloignés comme le Kenya, le Cameroun, le Bénin, la Côte d’Ivoire etc. mais aussi sur d’autres continents. Ces réfugiés, partis de leur pays sans rien, faisaient face à des difficultés énormes dans leur quotidien.
Il faut rappeler que depuis son accession à l’indépendance, le 1er juillet 1962, le Burundi a été le théâtre de nombreuses violences à caractère ethnique qui ont eu pour conséquence l’apparition de centaines de milliers de veuves, d’orphelins et d’autres laissés pour compte.
Les buts de l’association
Conscientes des drames qui frappaient leur pays de plein fouet, des femmes burundaises résidant en Suisse ont décidé de réagir et ont créé l’association HOZA afin de voler au secours de ces populations, principalement les femmes et les enfants qui se sont retrouvés dans la détresse suite à ces violences. Des hommes burundais ont rejoint cette initiative.
HOZA s’est fixé plusieurs objectifs réalisables à court, moyen et à long terme :
- Créer un cadre de rencontres et d’échanges sur la situation des orphelins, des veuves ainsi que les autres victimes de la violence au Burundi. L’idée n’était pas de trouver des solutions à tous les problèmes engendrés par ce conflit mais d’apporter une pierre à l’édifice en donnant un coup de main à des femmes et à des orphelins dans leur pays d’exil.
- Cerner les problèmes principaux rencontrés par les réfugiés burundais en fonction de leur pays d’accueil.
- Contribuer à la scolarisation des enfants ainsi que des jeunes ayant abandonné leur formation, par l’octroi des frais de scolarité aux plus démunis mais aussi par l’envoi de matériel didactique et scolaire.
- Appuyer des petits projets et des initiatives privées générateurs de revenus permettant aux réfugiés burundais dans les pays africains de survivre, de s’occuper utilement afin de briser leur isolement et de lutter contre le désœuvrement.
- Améliorer les conditions de vie des réfugiés en mettant à leur disposition des biens de première nécessité.
- Sensibiliser la communauté internationale sur l’urgence de l’aide à ces populations.
- Contribuer à éradiquer les causes de la violence au Burundi était également un des objectifs de l’association.
Les principales activités de HOZA
Dès sa création, l’association a centré ses activités sur plusieurs axes :
- L’éducation et la formation
Dans sa démarche pour promouvoir la solidarité avec les jeunes orphelins et/ou réfugiés, HOZA a mis sur pied le projet « Education-Formation », considéré comme son projet phare, afin de soutenir les bénéficiaires dans leur quête de retrouver leur dignité.
L’association a soutenu des écoliers, des élèves ou des étudiants burundais orphelins et/ou réfugiés par le paiement des frais de scolarité et l’octroi des fournitures scolaires. L’aide apportée a aussi permis aux bénéficiaires de couvrir d’autres besoins de première nécessité comme l’achat de vêtements, l’achat de nourriture, l’achat de pétrole pour mettre dans les lampes-tempête afin de pouvoir réviser les leçons le soir la nuit tombée. HOZA a lancé régulièrement des campagnes de parrainage des enfants burundais en âge de scolarité. Les résultats ont été à la hauteur de ses attentes et de ses espérances. Un repas de soutien organisé en mai 1997 avait permis de récolter les premiers fonds qui ont servi à démarrer la réalisation des objectifs fixés. Au début de ses activités, HOZA a pu soutenir annuellement en moyenne soixante-cinq élèves et étudiants dans différents pays d’Afrique comme le Burundi, la Tanzanie (particulièrement dans les camps de réfugiés de MTABILA et de MUYOVOZI), le Kenya, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Bénin… Grâce à ces premiers fonds, HOZA a pu débuter aussi son programme d’appui aux associations à caractère culturel aidant les orphelins et/ou réfugiés dans les pays d’Afrique et leurs différentes initiatives. Dans les camps de réfugiés en Tanzanie, HOZA a appuyé des projets d’élevage de canards dès juillet 1998. L’objectif était de lutter contre la malnutrition due au manque de protéines d’origine animale et l’amélioration générale du niveau de vie des réfugiés.
Vingt-cinq ans après sa création, HOZA a déjà soutenu plus de 1 000 écoliers, élèves ou étudiants dans leur scolarité, répartis dans les pays cités plus haut. Dans la mesure du possible, HOZA a toujours établi un contact direct avec les bénéficiaires de l’aide. Ces derniers ont envoyé un reçu comme preuve de la réception du montant octroyé.
A l’occasion du 15ème anniversaire de l’association célébré le 06 octobre 2012 au Casino de Montbenon, à Lausanne, quelques-uns des bénéficiaires ont parlé de l’impact positif qu’a eu cette aide dans leur vie. Aujourd’hui, ce sont des personnes adultes qui ont terminé leurs études et qui sont dans la vie professionnelle.
« HOZA a transformé ma vie » a témoigné l’un. Il a reçu le soutien de l’association alors qu’il était dans le camp des réfugiés de Muyovozi, en Tanzanie.
« Cette assistance était une miraculeuse consolation, venue au moment où rien ne semblait marcher dans ma vie. La misère était totale de sorte que j’avais à plusieurs reprises été tenté d’abandonner mes études pour rentrer au Burundi même si les conditions sécuritaires restaient incertaines parce que la guerre n’avait pas encore cessé…Je suis aujourd’hui très heureux, plus d’une décennie après, de me retrouver en contact avec une organisation qui m’a secouru au plus fort d’une détresse qui m’habitait depuis des années et d’un stress chronique qui a failli me rendre fou. L’aide de HOZA a restauré ma confiance et mon optimisme naturel. De plus, elle m’a encouragé à avancer dans mes études »
Et un deuxième qui vivait en Côte d’Ivoire de dire dans son hommage intitulé : « Quand la solidarité crée des miracles » :
« L’année 1999 et les suivantes furent sauvées pour des étudiants qui croyaient leur avenir planté ! Une somme accordée, pas vraiment imposante en chiffres, mais reflet d’une âme généreuse de la part de Burundais qui se saignaient en Suisse, symbole d’une solidarité vivante et agissante »
Et un troisième qui a pu reprendre ses études de médecine après quatre années d’interruption à cause de l’insécurité à l’université du Burundi et au manque de moyens financiers :
« Mesdames, Messieurs,
Sans le concours de HOZA, je ne pouvais pas réintégrer l’université car je n’avais pas où loger par conséquent, je ne pouvais pas étudier. J’ai alors continué mes études jusqu’à l’obtention du Doctorat en Médecine Générale. L’association HOZA se trouve sur la page des remerciements de ma thèse (…) Pour terminer, je remercie infiniment l’association HOZA qui peut être fière d’avoir un Universitaire parmi ses œuvres et d’avoir aussi des enfants qui sont en train de bénéficier des actions combien louables que HOZA a initiées »
Le premier des trois bénéficiaires qui se sont exprimés est devenu Journaliste, le deuxième Diplomate et le troisième Médecin.
Dans le cadre de ce projet « Education-Formation », HOZA avait suggéré la création en septembre 2011 d’un sous-projet appelé : « Coin de lecture » pour favoriser la lecture dans les collèges et lycées communaux du Burundi.
- L’intégration pour mieux vivre ensemble
Le deuxième objectif de HOZA est de promouvoir des activités visant l’intégration dans le pays d’accueil. Dès sa création, HOZA a ouvert ses portes à des membres non Burundais. Le but était de favoriser le contact, les rencontres avec les citoyens du pays d’accueil et ceux venus d’ailleurs afin de rompre l’isolement et entamer un processus d’intégration qu’elle voulait réussie. L’intégration est un processus qui englobe plusieurs facteurs : connaissance de la langue du pays d’accueil, connaissance de ses us et coutumes, accès au marché du travail, fréquentation des nationaux etc. HOZA a essayé d’être présente dans des activités prônant la promotion du Vivre ensemble.
Parmi d’autres activités, HOZA a organisé de nombreuses visites pour faire découvrir à ses membres plusieurs régions du pays d’accueil et plusieurs autres endroits comme les Musées, Zoo, Parcs etc. A signaler ici la visite organisée au Musée historique de Lausanne. HOZA a fait partie des quinze communautés étrangères invitées du Musée historique de Lausanne en 2002 dans le cadre des événements marquants le bicentenaire de la naissance du canton de Vaud devant être célébré en 2003. La visite a eu lieu le 20 avril 2002.
HPZA a participé à la mise en place du Forum des Etrangères et Etrangers de Lausanne, le FEEL. Un membre de l’association, M. Isaïe Kubwayo, a été élu au comité du FEEL et a participé régulièrement aux travaux de ce comité.
C’est toujours dans le souci de promouvoir l’intégration de ses membres que dès 1998, HOZA a pris contact avec la Chambre Consultative des Immigrés de Lausanne. Depuis, elle a participé régulièrement aux rencontres organisées par la CCIL et par la suite par le Bureau Lausannois des Immigrés (BLI). Une de ses membres, Mme Perpétue Nshimirimana est membre de la Commission Lausannoise pour l’Intégration (CLI) connue auparavant sous le nom de Commission Tripartite pour l’Intégration des Immigrés (CTI).
HOZA s’est vue décernée le Prix : « Femme exilée, femme engagée » en 2006. Un prix créé en 2001 par Mme Alba Viotto, à Genève, « pour rendre hommage à des femmes de tous âges et nationalités que des circonstances, souvent dramatiques, ont conduite à s’exiler en Suisse »[1]
En 2006, ce prix a été décerné à sept autres lauréates. Comme l’ont fait remarquer les responsables sur les raisons qui ont conduit au choix de HOZA : « Ce prix a été décerné à une association de femmes Burundaises, très actives dans le soutien concret à des orphelins et des femmes au Burundi, mais également très impliquées dans des activités interculturelles, visant à favoriser l’intégration et l’engagement citoyen dans la société d’accueil »[2]
[1] Prix « Femme exilée, femme engagée » 2006. Ce sont elles les vrais modèles…
[2] Prix « Femme exilée, femme engagée » 2006. Ce sont elles les vrais modèles…
3. Le cours de langue et de culture Rundi. L’importance d’appartenir à un Ensemble.
La mise sur pied de HOZA a eu beaucoup d’effets positifs et bénéfiques pour l’ensemble de la communauté burundaise dans ce sens qu’elle a permis de resserrer les liens entre les membres et de permettre d’évoluer d’une façon harmonieuse. En 1997, nombreux de ses membres étaient de jeunes parents qui avaient, pour la plupart, des enfants en bas âge. HOZA a mis sur pied depuis le 4 décembre 1998, un cours de langue et de culture Rundi. Le Kirundi, la langue d’origine, était dispensé une fois par semaine et destiné aux enfants burundais de Lausanne. Ces jeunes étaient répartis en deux groupes : le premier regroupant ceux âgés de huit ans et plus, le deuxième les enfants de moins de huit ans. Ils se retrouvaient pour améliorer leurs connaissances de la langue maternelle et tisser d’autres liens. Ces cours ont contribué à renforcer les liens entre les enfants d’une part, entre les parents d’autre part. Ils ont permis, en quelque sorte, à la communauté burundaise de Lausanne d’avoir une vie sociale épanouie. HOZA a pu compter sur le soutien de la ville de Lausanne. En effet, le Service des écoles primaires et secondaires de Lausanne avait mis à sa disposition une salle du bâtiment scolaire du Collège d’Entre-Bois, à Bellevaux.
HOZA a produit un fascicule de cours de Kirundi pour débutants, conçu par M. Joseph Martin Masabo, enseignant et membre de l’association. HOZA pouvait se référer également sur les livres scolaires de Kirundi utilisés au Burundi de la première à la cinquième année primaire.
Le cours de Kirundi a aussi servi de prétexte pour apprendre aux jeunes les règles de certains jeux burundais de société comme le « IKIBUGUZO », un jeu de stratégie répandu en Afrique, connu sous le nom de « IGISORO » au Rwanda et l’ « AWELE » en Afrique de l’Ouest.
Ces cours qui faisaient rencontrer les enfants de façon régulière, ont contribué à la création de liens solides entre eux. Ils ont évolué ensemble, se sont épaulés dans diverses activités, ont établi des relations de fraternité qui perdurent jusqu’aujourd’hui, 25 ans plus tard. Sans aucun lien de sang, ils se considèrent comme des frères et sœurs. Une troupe de théâtre nommée « Les enfants du Monde » s’est greffée sur ce cours de Kirundi. Des jeunes non Burundais en étaient membres. Les enfants ont appris à s’exprimer publiquement, avec aisance.
« Le Tribunal des choses »[1] a été présenté à la 18ème édition du Festival de Théâtre en Herbe de Renens tenu du 13 au 15 juin 2003. Ce fut l’occasion donnée à la troupe de mesurer son talent à celui de nombreuses autres troupes de jeunes ayant pris part à ce festival.
Les thèmes des pièces de théâtre choisis étaient en rapport avec l’immigration. Le but étant de sensibiliser le public sur les problèmes que rencontrent les jeunes issus de l’immigration, partagés entre la culture d’ici et leur culture d’origine. Etaient, par exemple, pointés du doigt les problèmes de communication et de compréhension pouvant surgir avec les parents, soucieux souvent de garder intacte la culture d’origine, alors que les jeunes générations aspirent à trouver des modèles d’intégration qui mélangent la culture d‘origine avec la culture d’ici.
Lors d’une rencontre regroupant de jeunes burundais le 29 septembre 2013, ils ont émis le souhait de continuer à s’imprégner de la culture burundaise. Il faut dire que les années après la mise sur pied du cours de Kirundi, les enfants avaient grandi, pris par leurs études et plusieurs autres activités extra-scolaires et avaient peu à peu trouvé moins de temps à consacrer au cours de Kirundi et à l’animation théâtrale.
Aujourd’hui, sans aucun besoin de la présence des parents, ils organisent des activités, des rencontres dont ils sont les initiateurs. Les parents ne peuvent qu’être fiers.
4. La collaboration avec d’autres associations burundaises ou non établies en Suisse
HOZA a collaboré avec d’autres associations de Burundais en Suisse comme le Centre Ubuntu dont le siège se trouve à Genève. Elle a été conviée aux rencontres initiées par M. l’Abbé Epitace Ntawanka, en vue de la mise sur pied d’une communauté burundaise connue sous le nom de « Ubuntu-Action ». Et depuis sa création, HOZA a toujours participé aux activités de cette dernière de même qu’aux activités de l’association KAZE (Groupe culturel de femmes burundaise en Suisse) dont le siège se trouve à Genève également. Deux membres de HOZA, M. Alfred Gashaza et M. Joseph Martin Masabo étaient dans le comité d’« Ubuntu-Action ».
L’association a toujours eu à cœur d’échanger et d’interagir avec les autres communautés suisses ou étrangères établies à Lausanne. Dans toutes les journées culturelles annuelles qu’elle a organisées depuis 1997, HOZA a toujours eu le soutien de différents groupes culturels établis à Lausanne et environs et a pu compter sur la présence de plusieurs d’entre eux. Ces journées ont entre autres comme objectifs de valoriser la culture burundaise à travers les danses traditionnelles, les chants, l’art culinaire burundais et les objets artisanaux produits au Burundi. Ces journées culturelles ont été donc l’occasion de nouer des liens forts avec d’autres communautés étrangères et locales. A son tour, HOZA a été régulièrement présente aux activités organisées par d’autres associations de migrants ou non à Lausanne et ailleurs.
Déo Hakizimana, Burundais résidant à Genève, a adressé une correspondance à HOZA en date du 04 octobre 2014 suggérant que la journée culturelle de HOZA fasse partie du patrimoine moral que nous laisserons à nos enfants.[2]
5. D’autres activités ponctuelles depuis 1997
En plus de ses activités régulières, HOZA a soutenu des projets ponctuels en fonction de l’urgence des demandes lui adressées. C’est ainsi qu’en 2014, l’association a posé un geste en faveur des victimes des inondations qui avaient frappé la ville de Bujumbura, la capitale du Burundi, au mois de février de cette année-là. Ces inondations ont eu lieu alors que deux membres de l’association, M. Isaïe Kubwayo et Mme Gaudence Masabo, étaient au Burundi. Un lot de pagnes a été acheté à Bujumbura et ces pagnes ont été distribués aux femmes de certaines régions sinistrées. Au nom de HOZA, Mesdames Colona Nzobakenga et Anne-Marie Nsaguye sont allées signer le livre d’or ouvert à l’Ambassade du Burundi à Genève, à cette occasion. Elles étaient en compagnie de M. Pasteur Nshimirimana, également membre de l’association.
Pour renforcer les liens entre ses membres, HOZA a régulièrement organisé d’autres activités comme, par exemple, des soupers, des visites à différentes occasions.
Par Mme Perpétue Nshimirimana
[1] https://books.google.ch/books?id=wpyaCwAAQBAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
[2] Correspondance de M. Déo Hakizimana. Genève, le 04 octobre 2014